En 1931, alors qu'il s'engage pour les 6 années qui lui restent dans ses récits les plus sombres et les plus immenses, Lovecraft dit que "La couleur tombée du ciel" est l'histoire dont il est le plus fier.
Vrai que, dans ce récit d'un seul bloc, il ne nous laisse pas vraiment respirer. Mais c'est autre chose : l'objectivité de ce narrateur, jeune ingénieur hydraulicien venu inspecter une vallée qu'un barrage va recouvrir. Puis, ailleurs, Lovecraft dit qu'un de ses plus grands souvenirs d'adolescence c'est cette nature sauvage, qui commençait juste après la colline de Providence, et qu'il explorait à bicyclette (d'où ce nez cassé, qui rend si étrange son profil). Et c'est cette nature-là, tout de suite indomptée, à quelques kilomètres de la ville (ici, la fictive et mystique Arkham) qui accueille le plus déroutant événement : la chute de ce météorite qui va se révéler une telle catastrophe.
C'est aussi le côté scientifique qui vient mordre à même la mort ici décrite : expériences métallurgiques, et le grand mystère qu'est l'espace après Einstein. Et ce qui se joue du destin, quand c'est le hasard et l'arbitraire qui abattent sur vous le mal. Ou, corollaire : mais qu'est-ce donc de si mystérieux, qui a fait que les hommes ici ne se sont pas sauvés, sont restés comme tétanisés par le mal même?
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